Thibault Gauthier

Bastia écrasé 2-0 par Laval après un report controversé à cause de la tempête Benjamin

Bastia écrasé 2-0 par Laval après un report controversé à cause de la tempête Benjamin

Le match de Ligue 2 entre le Sporting Club de Bastia et le Stade Lavallois Mayenne Football Club a fini par se jouer le 26 novembre 2025, mais pas comme tout le monde l’imaginait. Retardé pour cause de tempête Benjamin, ce duel entre les deux derniers du classement a tourné à la tragédie sportive pour Bastia, accueillie par des feux d’artifice sur la pelouse et des poubelles en flammes. Et tout ça, après une décision de report qui a divisé les clubs, les supporters et même la Ligue.

Un report qui n’était pas une force majeure

Le match, initialement prévu le vendredi 24 octobre 2025 à 20h au Stade Armand Cesari à Furiani, a été annulé à la dernière minute. Le Stade Lavallois a justifié son absence par des conditions météo jugées dangereuses pour son avion charter, parti de l’aéroport de Nantes Atlantique. Le pilote, dont le nom n’a jamais été révélé, a refusé de décoller malgré des heures d’attente jusqu’à 16h. "Les hommes d’Olivier Frapolli n’ont jamais eu le feu vert pour décoller direction l’Île de Beauté", a confirmé Cyprien Legeay, journaliste à Oxygène Radio.

Le problème ? Des vols commerciaux ont atterri et décollé normalement à Poretta Airport ce même jour. "Absence de force majeure", a réagi le Sporting Club de Bastia sur les réseaux sociaux, en précisant qu’il attendait la décision de la commission des compétitions. Une position que la Ligue de Football Professionnel, basée à Paris, n’a pas immédiatement contestée, mais qu’elle a jugé "suffisamment complexe" pour être étudiée en profondeur.

Le fantôme d’Emiliano Sala

La décision de Laval a été étayée par un souvenir douloureux : le crash de l’avion transportant Emiliano Sala en janvier 2019. Le footballeur argentin, âgé de 28 ans, avait péri en mer après un vol privé parti de Nantes à destination de Cardiff. "On ne veut pas prendre de risque. On ne peut pas jouer avec la vie", a déclaré un cadre du club lavallois sous couvert d’anonymat. Ce parallèle, bien que légitime sur le plan émotionnel, a été perçu par Bastia comme un levier pour éviter un match périlleux en termes de classement. À l’époque, Laval était 17e avec 8 points, Bastia 18e avec seulement 4 points. Une défaite à domicile aurait été un coup de grâce.

Le match reporté : un triomphe amère pour Laval

Le match a finalement été reprogrammé le mercredi 26 novembre 2025, à la même heure et au même stade. Environ 8 000 supporters bastiais ont rempli les gradins, espérant une revanche. Ce n’est pas ce qu’ils ont vu. Sur un terrain encore humide après une pluie d’automne, Stade Lavallois a dominé 2-0, avec un but en première mi-temps et un second en contre à la 78e minute. Le jeu était fluide, la défense bastiaise désorganisée, et les remplaçants lavallois ont marqué la différence.

À la fin du match, la scène a basculé. Des supporters ont allumé des feux d’artifice sur la pelouse, ont brûlé des poubelles et lancé des bombes fumigènes vers le bus de l’équipe visiteuse. Une image qui a circulé en quelques heures, partagée par le journaliste Dominique Faurie sur Twitter. "C’est un enterrement en bonne et due forme", écrivait le journaliste local Corse-Matin le lendemain.

Un club en déroute

Ce résultat n’était qu’un symptôme. Le Sporting Club de Bastia vit depuis des mois une crise structurelle sans précédent. Frédéric Antonetti, l’ancien entraîneur de 63 ans, est revenu en août pour redresser la barre… puis a démissionné en octobre, citant "des pressions incompatibles avec son éthique". Tavenot, son adjoint, a été licencié dans la foulée. Et un président de groupe ultra a démissionné publiquement, accusant la direction de "favoriser des intérêts cachés" dans la décision de report. "On sent qu’on joue pour un club qui ne sait plus qui il est", confiait un supporter de 52 ans, venu avec son père depuis 1983.

La LFP a ouvert une enquête sur les "soupçons de conflit d’intérêt" autour du report, mais n’a pas encore rendu de verdict. Le dossier est en cours d’examen, et une sanction pourrait être prononcée contre Laval — ou contre Bastia, pour son comportement post-match. Pour l’instant, le club corse reste 18e, à 7 points du premier non-relégué. La descente aux enfers semble inéluctable.

Que va-t-il se passer maintenant ?

La prochaine rencontre de Bastia, contre AC Ajaccio le 3 décembre, sera cruciale. Si le club ne gagne pas, il deviendra le premier de Ligue 2 à être mathématiquement relégué cette saison. Le président, actuellement en intérim, a annoncé une réunion d’urgence avec les supporters. "On ne peut pas continuer comme ça", a-t-il déclaré. Les sponsors commencent à regarder ailleurs. Les jeunes joueurs demandent leur transfert.

Quant à Laval ? Le club, lui, a gagné deux matches depuis. Mais la victoire contre Bastia reste entachée. "On a gagné le match, mais pas la guerre", a reconnu Olivier Frapolli après le coup de sifflet final. "On espère que les choses vont s’apaiser. Pour le bien du football."

Foire aux questions

Pourquoi le match a-t-il été reporté alors que des vols commerciaux ont atterri à Bastia ?

Le Stade Lavallois a justifié son report par des conditions météo jugées dangereuses pour son avion charter, qui n’était pas soumis aux mêmes normes de sécurité que les vols commerciaux. Le pilote a refusé de décoller malgré les conditions apparentes, invoquant des rafales de vent supérieures à 80 km/h en altitude. La LFP n’a pas validé la force majeure, mais n’a pas non plus annulé le report, laissant le dossier en suspens.

Quelle est la situation actuelle du Sporting Club de Bastia en Ligue 2 ?

Après sa défaite 2-0 contre Laval, le SC Bastia reste en 18e et dernière position avec 4 points après 11 matchs. Il est à 7 points du 17e, soit l’équipe en zone de relégation. Avec une attaque inefficace et une défense en déroute, il est le seul club de Ligue 2 à n’avoir jamais gagné à domicile cette saison.

Pourquoi le report a-t-il suscité des soupçons de conflit d’intérêt ?

Des médias locaux ont relevé que certains membres du conseil d’administration de Bastia avaient des liens avec des entreprises de transport aérien privées, et que le report avait été annoncé juste après une réunion avec un courtier en aviation. Bien que non prouvé, ces éléments ont alimenté la suspicion d’un désintérêt délibéré pour ce match, ce qui a aggravé la crise de confiance.

Quelles sanctions la LFP pourrait-elle prononcer ?

La LFP peut infliger des points de pénalité, des amendes ou même une défaite forfaitaire à l’un des deux clubs. Si elle juge que Laval a abusé de la force majeure, le match pourrait être annulé et repris avec une victoire forfaitaire pour Bastia. Si elle juge que Bastia a provoqué des troubles, le club pourrait être sanctionné pour comportement violent, avec un match à huis clos ou une amende.

Le Stade Lavallois a-t-il été récompensé pour sa décision de report ?

Non. Le club n’a reçu aucune récompense officielle, et la victoire obtenue le 26 novembre a été entachée par la polémique. Même dans les médias nationaux, la victoire est souvent qualifiée de "triste triomphe". Le président de Laval a déclaré qu’il préférerait "gagner sans polémique".

Quel impact ce match a-t-il eu sur les supporters de Bastia ?

La défaite a été perçue comme la fin d’un rêve. Les supporters, déjà en colère contre la direction, ont détruit des installations du stade et ont lancé des slogans contre les dirigeants. Plusieurs groupes de supporters ont annoncé qu’ils boycotteraient les matchs jusqu’à la démission du président. Une pétition pour un référendum des abonnés a déjà recueilli plus de 12 000 signatures.